« Ca doit être les hormones… »

C’est dommage: il y a deux/trois jours, j’avais un post intelligent et cocasse presque écrit dans ma tête.

Et puis j’ai eu cette idée étrange:

« bon, ça suffit: je m’ennuie à force de ne rien faire par flemme mais sans même en profiter pour faire des activités sympa autre que tourner en rond en me disant que je m’ennuie en culpabilisant de tourner en rond par flemme. Et si je travaillais plutôt? »

Du coup, j’ai travaillé trois jours consécutifs (matin ET après-midi)(quand la France récupérera son triple A, je la jouerai modeste mais il est évident que je n’y serai pas pour rien). Du coup, chaque jour vers 19h39, j’étais tellement fière de moi-même d’avoir si bien servi mon pays que je suis sortie pour fêter ça. Du coup aujourd’hui j’ai la gueule de bois et je ne sais plus du tout ce que j’avais prévu d’écrire.

Mais je réalise soudain que mon beau-frère a raison: c’est vrai que j’emploie beaucoup « du coup« .

Ca doit être pour me rassurer sur le rapport de causalité des événements de mon existence bordélique. Avec un simple « du coup », la moindre décision absurde semble le produit logique de l’équation. (Je vous conseille de lire cet article un peu rapidement, sans trop chercher la petite bête, il est évident que les métaphores vont y être bancales, les théories fumeuses et les explications capilotractées). Exemple:

Il pleuvait, du coup je suis restée chez moi, du coup j’ai fait des quenelles, du coup j’ai rappelé mon ex en attendant que ce soit cuit, il n’a pas répondu, du coup j’ai couché avec le fils de la voisine, du coup j’ai oublié ton chèque, forcément, mais du coup il reste de la tarte aux pommes. T’en veux?

(Oui, du coup,  je mets en page mais propres citations imaginaires comme si c’était des maximes de Larochefoucauld.)

En fait, je crois que je voulais parler d’hormones, parce que je pensais que c’était elles les fautives de ma mauvaise humeur. Mais comme depuis trois jours ça va mieux, merci, je me dis que la cause de ma mauvaise humeur était peut-être de rester chez moi totalement seule et sans rien foutre. Réhabilitant la valeur-travail, la valeur vie-sociale et la valeur merlot-cabernet-génépi, je reconnais que je vais mieux. (Hormis la migraine).

Mais tout de même, ce blog de connasses littéraires (des blagues sur Larochefoucauld? Sérieux?) manque terriblement de propos scientifiques. Il est temps d’y remédier.

Parce que comme prouvé ici par moi-même, la science c’est cool.

Et parce que, étant de sexe féminin, le Monde accepte toujours qu’on soit exécrable sous le prétexte que « c’est les hormones ». D’ailleurs, on le sait, les hommes préfèrent les chieuses qui leur font des scènes de jalousie quand ils disent merci à la boulangère et boudent trois jours parce qu’ils vont regarder le foot avec Marco et JB. Moi je suis pas très jalouse (je suis plus compliquée que ça)(et ma boulangère est un vieux) et j’aime bien le foot, DU COUP, je n’ai pas de mec. (vraiment, ne vous arrêtez pas trop sur la logique de mes raisonnements tant que je n’aurais pas sué ce chardonnay-rhum-mousseux)

D’ailleurs, mes hormones n’influent pas sur mon moral. Je suis au-dessus de ça. Je ne suis pas si primaire. Mon cerveau, la Raison, mon intelligence, la Logique gouvernent toutes mes réactions. D’où ce caractère constant et pondéré qui me caractérise.

Non, mais bordel, les hormones je ne sais pas comment ça marche, mais je ne peux pas supporter que les filles utilisent contre elles-mêmes l’argument le plus cliché et macho et beauf qui soit.

« –Ouh! Laisse-la JB, elle a ses règles! Arf arf arf!

– Non, JB-chéri, je vais rentrer parce que ça m’éclate pas d’écouter de la maquina dans un pub plein de porto-ricains bourrés tu vois. Et le fait que je porte un tampax n’a rien à voir dans l’affaire. »

Parce que ça sous-entendrait que la Fâme n’est qu’une pauvre chose entièrement gouvernée par les aléas de son corps. Qu’elle ne peut pas se contrôler, qu’elle est à un stade quasi-animal, allant de crises de larmes en mauvaise humeur, la pauvrette, c’est dans son ADN.

La femme = la chair, la maternité, les câlins, elle est clouée au monde terrestre.

Contrairement au mâle qui lui est avant tout cerveau, abstraction, grandes idées et spiritualité.

(Gif en provenance de Casse-toi pov'gif)

Même pour dire qu’un mec est en chasse, qu’il couche avec la terre entière comme un chacal, qu’il se tape tout ce qui bouge de façon pathétique, on ne dira pas que « Ouh la, laisse tomber, c’est pas sa faute, c’est les hormones ». On dira que c’est dans la nature virile d’avoir BESOIN de baiser (dans les toilettes du Macumba avec une étudiante slovène). Du coup, c’est normal et légitime, vous voyez.

Nous, on est chiantes, c’est la faute de nos « substances biologiques hautement actives synthétisées par des cellules spéciales et directement sécrétée dans le sang ou la lymphe. » C’est pour ça qu’on pleure quand on voit un chaton, que notre horloge biologique dirige notre emploi du temps et qu’on est énervée quand les gens ce comportent comme des cons, qu’il pleut et que Jean-François Copé passe sur France Inter le matin. Etre énervée, chez une femme, c’est hormonal, arf arf. Chez un homme c’est de la saine colère, de l’indignation, le début d’une grande révolution.

Et nous, on n’aurait pas droit de vouloir baiser juste pour des raisons biologiques? Dans les toilettes du Macumba? Sans que ce soit la faute du Rhum-coca ou de nos ancêtres qui, elles, restaient fidèles dans les cavernes?

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Zut, aïe, comment en suis-je venu à parler de Q? Initialement, j’avais prévu de faire un article sur mes parents…

Oui, j’ai des révélations sur le rôle de parents et le vieillissement en ce moment. Genre je viens de comprendre que nos parents étaient des gens névrosés, pile comme mes potes, avec simplement la caractéristique d’être plus vieux. (J’ai des fulgurances intellectuelles en ce moment). On est des futurs vieux. Mes amis sont des semi-jeunes en train de vieillir. (suffit de faire le test ici)

Tout à l’heure j’étais dans un café tranquille avec mon Roomy 4ever. On était jeunes, beaux, cool, on mangeait des croques-monsieur en dissertant de nos rêves d’avenir où les licornes nous jetteront des pétales de rose sous les hourra de fan en délire, quand soudain, on s’est retrouvés entourés de vieux. Encerclés. Des vieilles surtout. Avec des permanentes, des fourrures, des mains fripées, des sourires sages et tristes et des souvenirs pleins les yeux. Apparemment elles allaient en groupe assister à une conférence sur la mosaïque (me demandez pas…).

Evidemment, j’ai flippé: elles étaient partout et arrivaient en flot! Le monde semblait soudain ne plus se composer que de vieilles femmes et de cheveux pastel. Et le Roomy, homme réconfortant, voyant ma panique, m’a tapoté doucement le bras en disant: « Tu sais nous aussi un jour on fera partie de ce groupe. » Voyant mon menton trembler, il ajoute: « Mais on sera ensemble ». Voyant mon tremblement se changer en tétanie. « Et tu sais, si les « nous d’il y a 10 ans » nous voyaient, ils trouveraient déjà qu’on dit des phrases de vieux ».

Sur ce, j’ai commandé un sherry et un verre d’eau pour ranger mon dentier et sorti Madame Figaro de mon cabas.

Il me semble pourtant que c'était hier que je pleurais sur des chansons de christophe Rippert...

Est-ce que de tous temps les hommes ont flippé d’avoir trente ans?

Est-ce normal qu’autour de la trentaine, les gens se divisent en deux catégories: ceux qui sont tellement amoureux/épanouis/croc-love/enceints qu’ils deviennent anxiogènes pour la catégorie 2: ceux qui n’ont pas la vie qu’ils s’étaient imaginé il y a 10 ans et frôlent du coup la dépression, surtout le lundi?

Ces deux catégories peuvent-elles communiquer, où sont-elles condamnées à ne se côtoyer qu’en parallèle, crachant vaguement l’une sur l’autre après avoir partagé un apéro rapide (la femme enceinte regagnant son canapé pour soupirer dans les bras de l’Homme que cette pauvre Val, toujours aussi paumée; la pauvre Val fumant des clopes en racontant à sa bande de potes dépressifs qu’Anne-Laure, qu’est-ce qu’elle est plan-plan et puis pas marrante depuis qu’elle a arrêté la picole)

Heureusement, pour que Val et Anne-Laure restent copines, reste une bonne excuse: les hormones.

Particulièrement efficaces en contexte familial.

Pleurez de joie, de rage, de chamboulement émotionnel, de fatigue, traitez votre oncle de « gros réac bourgeois », attaquez votre belle-soeur sur sa coupe de cheveux d’Angela Bower, claquez la porte, crachez sur le gigot-de-sept-heures, transformez le repas du dimanche en esclandre sans raison apparente (« JE L’EMMERDE TON GRATIN DAUPHINOIS SALOPE! »). Et plutôt que de faiblement vous excuser, ce qui reviendrait à nier la réalité de vos propos, accusez juste vos hormones.

Evidemment, c’est de la connerie. Moi, je peux m’énerver avec fougue contre l’emploi du terme « bobo » ou contre les violations des droits de l’homme dont sont victimes les étrangers en préfecture n’importe quand, et pas juste entre le 7 et 14 ème jour du mois.

Mais puisque cette hypocrisie machiste semble tout à fait acceptée, autant en abuser profiter.

"Et tu sais quoi, Geneviève? Ton pot-au-feu aussi, je l'emmerde!!"

Bon, après relecture, promis: le prochain post, je l’écrirai à jeun.

3 réflexions sur “« Ca doit être les hormones… »

  1. Cette attaque sans fondement contre le gratin dauphinois me semble relever de la perte de neurones consécutives à un lendemain de cuite – au mieux – ou de la baisse subite d’œstrogènes – au pire. Du coup…

  2. « (Oui, du coup, je mets en page mais propres citations imaginaires comme si c’était des maximes de Larochefoucauld.) »
    Cette phrase sent la fatigue ! À moins que ce ne soit les hormones…

    Je suis super fan du gif Guéant sinon ! Du coup, je vais peut-être je vais le piquer !

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